- Le contexte clinique de cette observation fait ressortir qu'il s'agit qu'une infection de type méningite sur un terrain propice (chimiothérapie lors d'une hémopathie maligne suivie d'une aplasie). - L'examen macroscopique révêle sans ambiguité, un liquide céphalo-rachidien trouble. Aussi l'étude attentive du LCR au plan microscopique est d'autant plus intéressante. Outre une glycorachie faible et la présence de polynucléaires très dégradés (de l'ordre de 400 éléments /mm3), on insistera sur la présence de nombreux éléments bactériens de type bacilles, bien que souvent sous forme de filaments.
- L'aspect des colonies sur le milieu de Digalski est caractéristique: muqueux ou colonies évoquant du "miel". Cet aspect de culture associé à celui de la coloration de Gram effectuée sur les deux séries d'hémocultures (aérobie et anaérobie) positives chez cette patiente permet d'évoquer sans ambiguité, une souche de Klebsiella. En effet, il s'agit de bacilles à Gram-négatif trapus avec une légère condensation aux extrémités. . Le diagnostic bactériologique évoqué au vu de l'aspect de culture et du Gram est aisé à confirmer aussi bien après ensemencement d'une galerie API RapiD 20E que celle API 20E: Il s'agit d'une bactérie fermentaire (tous les sucres de la galerie API 20E ont viré), uréase +, VP+, donc K. pneumoniae. Ne pas oublier de rechercher la production d'indole par apport de 2 gouttes de réactif de Kovacs. - L'antibiogramme de cette souche de K. pneumoniae est inhabituel. En effet, cette espèce présente habituellement une grande sensibilité aux ß-lactamines, à l'exception des pénicillines qui définit un phénotype dit pénicillinase de bas niveau. On retiendra que ce type de souche est catégorisée "intermédiaire" à la pipéracilline (PIP) et sensible à l'association amoxicilline - acide clavulanique (AMC)(cf communiqué ca-sfm 2004) 2/ synergie avec les inhibiteurs de ß-lactamase nulle: ticarcilline+acide clavulanique (TCC) ou faible (amoxicilline - acide clavulanique (AMC) et pipéracilline + tazobactam (PTZ) 3/ résistance de haut niveau pour la céfalotine (CF = C1G) 4/ résistance vis-à-vis du céfuroxime (CXM = C2G) 5/ résistance ou sensibilité très diminuée vis-à-vis des C3G telles ceftazidime (CAZ), céfotaxime (CTX) ou du monabactam testé (ATM=aztréonam) 6/ le test de détection d'une BLSE est négatif: absence de synergie entre AMC versus CAZ ou CXM ou encore TCC versus CAZ, CXM, CTX, ATM. 7/ résistance vis-à-vis de la céfoxitine (FOX) Ce phénotype de type céphalosporinase hyperproduite est bien connu chez certaines souches d'entérobactéries de la classe 3: C. freundii, E. cloacae, E. aerogenes, S. marcescens.........On notera dans ce cas, la sensibilité vis-à-vis du mécillinam (MEC) et du céfépime (FEP).
- La multirésistance de cette souche s'observe vis-à-vis d'autres antibiotiques dont les aminoglycosides tels kanamycine (K), gentamicine (GM), tobramycine (TM) et amikacine (AN)(cf communiqué ca-sfm 2004), des sulfamides (SSS) ou encore du chloramphénicol (C).
- La prévalence de ces mécanismes de résistance aux C3G est globalement faible en France mais ils peuvent évoluer sur un mode épidémique et doivent donc être connus. Avec la mise en place de bases de données françaises, il est possible actuellement de pouvoir accéder à celles-ci ainsi qu'à des alertes, si nécessaire, sur le site de l'ONERBA (cf http://www.onerba.org/fr/res-onerba/, sélectionner K. pneumoniae à gauche et tous les antibiotiques, à droite).
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