FRANCISELLA
- Introduction
La tularémie appelée aussi maladie de Francis, fièvre de la mouche du daim, maladie de Ohara, Yato-Byo, fièvre de la vallée de Pahvant est une zoonose, mal connue, qui peut être grave. Cette maladie est en relation avec une bactérie, Francisella tularensis qui sévit dans diverses régions du monde, plus particulièrement dans lhémisphère Nord. En France, découverte en 1946, mais suspectée depuis 1932, elle existe, le plus souvent, sous forme de cas sporadiques aussi bien chez lhomme que l'animal, mais des cas groupés peuvent se manifester. La maladie a pris une plus grande importance depuis les événements de septembre et octobre 2001 aux États-Unis, son agent fait partie de ceux potentiellement utilisables comme arme biologique étant donné son caractère dangereux et virulent (agent biologique de la classe 3 pour F. tularensis subsp. tularensis). En revanche, F. tularensis subsp. holartica, la seule isolée en France appartient à la classe 2. http://www.tdh.state.tx.us/bioterrorism/facts/tularemia.html - Historique
- En France, la tularémie est diagnostiquée en 19461947 dans l'Allier, le Gers, la Gironde, puis en Franche-Comté-Côte-dOr, en Lorraine.........mais plusieurs cas suspects sont décrits dès 19301932 chez lhomme. - Caractéristiques bactériologiques - Taxonomie - F. tularensis est un minuscule coccobacille à Gram-négatif. Cette bactérie intracellulaire, est entourée dune capsule pour les formes virulentes. Sa disparition entraine la perte de virulence chez l'homme. - Cette bactérie a connu diverses appellations: Bacterium tularense, Pasteurella tularensis, Brucella tularensis par les microbiologistes soviétiques, Francisella tularense et enfin F. tularensis en hommage rendu à Francis, et à sa première localisation dans le comté de Tulare en Californie. Après avoir été rangé dans le genre Pasteurella, le genre Francisella a une position taxonomique suivante: appartient au Gamma-Proteobacteria, à l'ordre des Thiotrichales et à la famille des Francisellaceae avec le genre Francisella. Après les travaux dOlfsujev et al., de Jellison et al., dAikimbaev et dOlfsujev et Meschcheryakova en 1983, plusieurs sous-espèces de F. tularensis sont maintenant validées:
* F. tularensis subsp. tularensis est la plus virulente des espèces, rencontrée essentiellement en Amérique du Nord et particulièrement aux États-Unis. Elle a été récemment trouvée en Europe, en 1998, sur des tiques en Slovaquie dans la région de Bratislava. Un petit nombre de bactéries (10 à 50) est capable par voie respiratoire ou par voie cutanée de provoquer une maladie sévère chez lhomme avec un taux de létalité voisin de 10 % en labsence de traitement antibiotique spécifique, qui peut être abaissé à 1 % si le traitement est fait rapidement. La pathogénicité de cette sous-espèce en fait un agent de guerre bactériologique par les formes cliniques et lévolution de la maladie quelle détermine. ** F. tularensis subsp. holarctica est moins pathogène, était jusqu'en 1998, la seule rencontrée en Europe, elle co-habite dans le Nord des États-Unis et au Canada avec F. tularensis subsp. tularensis. Elle peut provoquer une maladie identique à celle induite par la précédente sous-espèce mais moins grave. Ainsi le taux de létalité est de 1 % en labsence de traitement et qui sabaisse à 0,1 % si un traitement est rapidement prescrit. Cette sous-espèce comporte trois biotypes :
*** F. tularensis subsp. mediasiatica sévit en Asie et est comparable à F. tularensis subsp. holarctica pour sa virulence. - Enfin en 1989, à la suite de travaux portant sur les caractères biochimiques, la composition des acides gras et les homologies ADN - ADN, Hollis et coll. transfèrent Yersinia philomiragia dans le genre Francisella avec la dénomination de Francisella philomiragia. http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/ff/francisella.html - Le génome de cette bactérie est connu pour une seule souche (F. tularensis subsp. tularensis souche militarisée Schu4) depuis peu de temps (2004). Celui-ci est petit (1,89 Mbp) pour un GC% de 32 : http://veille-srv.inist.fr/~Spip_Biodefense/article.php3?id_article=101 - Habitat * Il s'agit essentiellement d'une zoonose et on peut répartir les espèces animales (190 connues) dont les mammifères en trois groupes selon leur sensibilité, les espèces les plus réceptives étant les rongeurs (campagnol, écureuil, castor, rat musqué, lemming, ragondin, souris, cobayes) et les lagomorphes (lièvres, éventuellement lapin de garenne). Des animaux peuvent être porteurs sains ou faire des formes inapparentes (mammifères tels carnivores domestiques et sauvages, sanglier et oiseaux sauvages). Il ne faut pas omettre les arthropodes.
D'autres espèces ou sous-espèces ont été exceptionnellement rapportées chez l'homme : F. philomiragia et F. tularensis biovar novicida. F. tularensis biovar mediasiatica est présente en Asie. - Epidémiologie En France, 435 foyers, essentiellement chez le lièvre, ont été répertoriés en santé animale depuis un peu plus dune dizaine dannées. Ces foyers ont été détectés avec le concours de certaines fédérations de chasseurs, des agents de lONCFS (Office National de la Chasse et de la faune sauvage) qui effectuent le ramassage des lièvres et autres animaux de la faune sauvage morts sur le territoire des communes en France. Ils sont analysés par les laboratoires danalyses vétérinaires départementaux adhérant au réseau SAGIR (surveillance sanitaire de la faune sauvage) qui dépend de lONCFS. LAFSSA du site de Nancy, rassemble et fait la synthèse de lensemble des résultats ayant trait aux maladies du gibier dont les doubles lui sont envoyés par les différents laboratoires danalyses vétérinaires départementaux. http://www.vet-lyon.fr/ens/faune/Fiches/Syntheses/tularemie_synth.htm Evolution de la tularémie animale en France (1999-2004)
Fréquence de positivité chez le lièvre (1993-1999) Distribution des foyers de tularémie animale entre 1993 et 2004 - La tularémie a été diagnostiquée dans 47 départements différents et dans plus de 400 communes en France de 1993 à 2004. Elle semble absente de la Corse et n'ai pas couramment isolée dans les régions Provence-Côte d'Azur Languedoc. Chaque année, il y a ré-émergence possible de la maladie. D'autres espèces animales autres que le lièvre sont atteintes ou porteuses de l'agent tels les rongeurs (campagnols, rats deau, écureuils, ragondins...), les lagomorphes tels que les lapins de garenne qui semblent peu sensibles à la maladie, mais qui peuvent excréter le germe. Enfin les carnivores sauvages et domestiques, également peu sensibles, peuvent être porteurs, le plus souvent passifs et peuvent transmettre la maladie à lhomme de façon plus ou moins active (morsure, griffade ou lors de dépeçage). Le sanglier est aussi impliqué. Des cas ont été rapportés chez les primates et les oiseaux de la faune sauvage qui peuvent être atteints.
- Les régions les plus touchées sont les zones humides tels lacs, étangs, marais ou rivières (90 % des cas), bocage et bois où la petite faune trouve des conditions idéales dhabitat et de multiplication ainsi que des vecteurs. Le cycle aquatique de la maladie qui ferait intervenir aussi protozoaires, crustacés, amphibiens, reptiles et divers mammifères est, par ailleurs, fort mal connu. Ce sont, en général, des zones giboyeuses et touristiques qui offrent des possibilités de loisirs (qui se sont développées pour lhomme), mais aussi des facteurs de risques supplémentaires de contamination, particulièrement, ces dernières années, en raison dune prolifération de la faune sauvage, et des vecteurs. En effet, si la maladie peut se transmettre par voie cutanée ou respiratoire, par contact, léchage, griffure, morsure, ou par inhalation daérosols autour dun animal atteint ou contaminé transitoirement, elle peut se transmettre aussi par piqûre darthropodes, particulièrement les tiques, les tabanidés (taons) ou les stomoxynés (mouches piqueuses). - Ce mode de contamination de lhomme se rencontre surtout de la fin du printemps jusquen hiver dans les bois, d'abord les chasseurs mais aussi chez les promeneurs, randonneurs, cueilleurs de baies diverses, de champignons, n'ayant pas pris des mesures de protection adéquates. Ce retour à la nature de lhomme et le besoin de vivre à son contact ont favorisé des attitudes à risque, promiscuité avec des animaux de la faune sauvage qui deviennent familiers et qui envahissent les abords des habitations, les jardins, les potagers, les tas de bois, les mares, voire les piscines, les parcs, les remises et les abris où ils y trouvent nourriture, abreuvement, gîtes, et peuvent contaminer lenvironnement sils sont malades ou porteursexcréteurs. En dehors des périodes légales de cette dernière, le braconnage se pratique assez régulièrement par un certain nombre de personnes et cest un facteur de risque supplémentaire de contamination qui sera difficilement évoqué par la suite. On n'oubliera pas certaines professions plus exposées comme les vétérinaires, les garde chasses ou encore les techniciens des laboratoires départementaux. Réservoirs et vecteurs selon le continent Europe : Amérique du Nord: Pour plus d'informations: http://www.oie.int/fr/maladies/fr_mal.htm - Pouvoir pathogène - En France, il s'agit essentiellement d'une maladie animale, en particulier du lièvre mais aussi des petits rongeurs tels mulot, campagnol, rat musqué, ragondin, écureuil........
http://www.unbc.ca/nlui/wildlife_diseases_bc/tularemia.htm - Certaines espèces moins sensibles comme le lapin de garenne, les carnivores domestiques et sauvages ou encore les suidés (sangliers...) font une bactériémie transitoire avec des troubles généraux fugaces. Bien que guéris, ils peuvent être excréteurs de la bactérie. Attention aux NAC (Nouveaux animaux de Compagnie) : cobaye, furet, hamster, rat, reptile. - Cette zoonose est donc transmise à l'homme d'abord des léporidés infectés dont le lièvre (80% des observations). Maladie à déclaration obligatoire (depuis 2002), elle est aussi reconnue comme maladie professionnelle dans le cadre du régime agricole (N°7)(gardes forestiers, bouchers, charcutiers, éleveurs, vétérinaires, ou encore technicien/ne). Il s'agira, le plus souvent, d'un cas sporadique, les facteurs de risque étant les promenades en forêt, la chasse et toute activité pouvant mettre en contact l'homme et le réservoir. Une épidémie de 15 cas pulmonaires a été récemment observée en Vendée en 2004 (sur Google®: tapez tularémie et Vendée) - En France, le nombre de cas annuel est faible: 18 à 72 cas entre 1987-1991. Il sagit habituellement de formes ulcéro-ganglionnaires par contact soit avec des rongeurs, soit, le plus souvent, avec des lièvres. - La bactérie est fragile et disparaît en quelques jours dun cadavre danimal à des températures supérieures à 0°C. En revanche, elle peut persister plusieurs semaines ou mois à 0°C ou congelée. Elle ne supporte pas la compétition avec les germes de la putréfaction : Proteus, Pseudomonas, Escherichia coli ou encore bactéries anaérobies, doù la difficulté de poser un diagnostic de certitude sur des prélèvements danimaux morts ou de l'environnement. - La transmission directe prédomine avec des voies de pénétration très variées: Les formes cliniques observées sont indiquées ci-dessous :
La clinique va varier selon la porte d'entrée. Mais quelle que soit la forme clinique, après une incubation courte de 3 à 5 jours, mais pouvant à 15 jours, le début se caractéristique par sa brutalité s'accompagnant d'une fièvre élevée, de frissons, de céphalées, ou encore d'une asthénie et de myalgies (forme pseudogrippale). Quelquefois peuvent être associés d'autres signes: toux, douleurs abdominales, diarrhée, plus rarement rash cutané maculo-papuleux ou vésiculo-papuleux, méningite ..... La transmission interhumaine est rarissime et la maladie est rarement mortelle en France.
http://www.invs.sante.fr/publications/guides_biotox/guide_tularemie.html) 1/ Tularémie ulcéro-ganglionnaire: Cest la forme dite la plus fréquente, elle représente environ 80% des cas de tularémie. Une lésion se forme au point dinoculation de lagent, suite à une égratignure, une érosion cutanée minime ou à une piqûre de vecteur, et donne une ulcération. À partir de cette lésion, la bactérie gagne, par voie lymphatique, le ganglion qui draine le territoire et sy multiplie. Une adénopathie régionale apparaît avec évolution vers une abcédation, fistulisation et sclérose. Exemples d'une forme cutanée et de formes ulcéro-ganglionnaires - Si le contact a été avec des animaux : lagomorphes (lièvres, lapins de garenne), rongeurs (campagnols, ragondins...), suidés sauvages (sanglier), carnivores domestiques : chien (léchage), chat (griffure), autres mammifères ou éventuellement avec des oiseaux sauvages, la lésion est très souvent à la main ou à un doigt et l'adénopathie axillaire. Le contact peut se faire aussi par lintermédiaire des excrétas (urines, excréments) des animaux malades ou porteurs sains dans les endroits quils fréquentent : bordures de ruisseaux ou rivières, forêts, tas de bois. 2/ Tularémie ganglionnaire: Cette forme est similaire à la forme ulcéro-ganglionnaire, sans la lésion cutanée. La bactérie a pénétré à travers la peau saine ou à la faveur dune abrasion inapparente et a suivi la voie lymphatique ou sanguine. 3/ Tularémie oculo-ganglionnaire: Cette forme se développe souvent après le frottement des paupières avec des mains contaminées, plus rarement après projection de matériel contaminé. La lésion est souvent unilatérale et touche majoritairement la paupière inférieure avec formation dun petit nodule ou dune lésion ulcéreuse.Ainsi la tularémie est une des étiologies du syndrome de Parinaud. Une conjonctivite purulente, douloureuse peut se déclarer avec, quelquefois, un dème périorbital et une adénopathie satellite. Les cas sont rares, moins de 5 % des formes. 4/ Tularémie oropharyngée: Cette forme est assez rare, mais peut se constater lors de lingestion de viande dun animal malade insuffisamment cuite ou lors de lingestion de végétaux crus contaminés par de lurine ou des excréments danimaux malades et insuffisamment ou non lavés. On observe une angine, qui saccompagne souvent dune sensation de brûlures et/ou dérosions de la muqueuse buccale avec apparition dadénopathies cervicales. Elle peut parfois se compliquer de douleurs abdominales (adénopathies mésentériques), de nausées, vomissements, diarrhée qui peut, quelquefois, être hémorragique due à des ulcérations intestinales. 5/ Tularémie pulmonaire ou pleuro-pulmonaire: Cette forme primaire rare ne se constate que lors de linhalation dun aérosol de bactéries, peu de bactéries sont nécessaires pour provoquer la maladie : de 10 -20 UFC (F. tularensis subsp. tularensis) à 100 - 1000 UFC (F. tularensis subsp. holarctica). Elle est peut-être plus fréquente, mais sous-diagnostiquée, car bien souvent on ny pense pas, parce que ces symptômes dallure grippale peuvent se confondre avec dautres syndromes. Dans les conditions naturelles, la notion de rapport avec des animaux de la faune sauvage dans leur environnement doit permettre dorienter la suspicion et le diagnostic. Elle peut se manifester chez les vétérinaires, les garde-chasses, les travailleurs agricoles, les forestiers, le personnel des laboratoires vétérinaires départementaux, les chasseurs, mais aussi chez des promeneurs en forêt, dans les parcs ou au bord de leau, chez des propriétaires de carnivores domestiques à la campagne ou de NAC qui vivent en étroite promiscuité avec leurs animaux. Une toux sèche, de la dyspnée, et des douleurs thoraciques (pleurésie) peuvent être observées. Lexamen radiographique peut montrer des îlots de pneumonie dans un ou plusieurs lobes. Une pneumonie franche peut se déclarer uni ou bilatérale avec de façon caractéristique des adénopathies hilaires.Une détresse respiratoire peut sinstaller. Cette forme qui peut être grave, fait de la bactérie un agent de bioterrorisme de premier plan. Des formes pulmonaires peuvent être secondaires à des formes ulcéroganglionnaires dans 10 à 15 % des cas et à des formes typhoïdiques dans 30 à 70 % des cas. 6/ Tularémie: forme typhoïdique: Cette forme est plus rare mais plus sévère. Elle est considérée comme une forme septicémique. Elle peut être causée par lingestion daliments, deau contaminée, ou encore lors d'un repas avec des mains non lavées. En dehors des symptômes généraux, on peut observer des signes de gastroentérite et de toxémie, des lésions ulcéreuses peuvent apparaître sur les muqueuses de lensemble du tube digestif, saccompagnant dadénites cervicales, pharyngés et mésentériques. Les formes pulmonaires sont assez fréquentes. On peut aussi nobserver que des signes généraux et le diagnostic est alors difficile. Lévolution peut être courte et sévère suivant la virulence de lespèce en cause. 7/ Tularémie: formes atypiques: Des éruptions cutanées (tularémides) peuvent sobserver dans 10 à 20 % des cas (tularémides). Des cas de méningites, dendocardites, de péricardites, de pleurésies, de péritonites sont possibles. Des insuffisances rénales aiguës et des hépatites peuvent survenir. - Lévolution de la maladie est de trois à cinq semaines et le taux de mortalité peut-être de 1 à 10 % en labsence de traitement et suivant l'agent causal et sa virulence. La convalescence est longue de plusieurs semaines à plusieurs mois. Lasthénie peut persister plusieurs semaines. Le traitement doit être très précoce, il faut intervenir avant lapparition dadénopathies, autrement, même convenablement traitée par des antibiotiques efficaces, laffection prend une allure traînante et handicapante. Il est fondé sur lemploi des aminosides et des fluoroquinolones pendant au moins quinze jours. - Physiopathologie Outre le tropisme d'espèce très prononcé pour les rongeurs, les lagomorphes et accidentellement l'homme, il convient d'indiquer le tropisme du derme et d'organes avec l'atteinte du système réticulo-histiocytaire (ganglions lymphatiques, rate, foie). Il s'agit de bactéries intracellulaires strictes, du moins in vivo.
http://www.unbc.ca/nlui/wildlife_diseases/tularemia.htm - Les facteurs de pathogénicité commencent à être mieux connus avec la mise en évidence de l'excrétion de la phosphatase acide qui inhibe rendement ("burst") oxydatif des polynucléaires comme déjà rapporté pour deux autres pathogènes intracellulaires: Leishmania et Legionella. Mais elle possède aussi un LPS apparemment commun à toutes les souches dont lactivité endotoxinique est faible. Car, il n'induit pas la synthèse d'IL-1 par les cellules mononucléées et provoque la synthèse de faibles quantités de TNF par les macrophages. Le LPS semble nécessaire pour la croissance intra-macrophagique. La capsule joue un rôle dans la virulence, les souches non capsulées étant peu pathogènes. Enfin celle-ci n'est pas indispensable à la survie dans les phagocytes mais joue un rôle essentiel pour la résistance au pouvoir bactéricide du sérum. - Diagnostic biologique - Le diagnostic peut être difficile, d'autant que la maladie est rare en France (29 cas en 1991). Cependant en zone d'endémie, le contexte épidémiologique est quelquefois évocateur, donc à préciser impérativement au biologiste: Ne pas oublier de pratiquer une sérologie de la tularémie en parallèle à celles de brucellose...... - Plusieurs caractéristiques doivent être prises en compte sur l'éventuelle survenue de cette maladie: - Heureusement, le biotype trouvé en France de Francisella est d'une virulence modérée et la maladie même si elle provoque un état de fatigue important, peut rester bénigne et évoluer vers la guérison progressivement. La symptomatologie est très protéiforme, le plus souvent il s'agira d'un état grippal. Le diagnostic direct par culture est difficile. Il s'agira, le plus souvent, d'une découverte fortuite suite à une culture de ponction ganglionnaire, de sang (hémoculture) ou encore à partir d'une lésion cutanée.
* Prélèvements à effectuer:
- On peut lui préférer une coloration de type MGG ou Bleu de méthylène. * Culture : Elle est lente (48 h à 5 jours au moins) et difficile à 37°C en aérobiose (quelques souches poussent en présence de 5-7 % de CO2). Il convient d'utiliser des milieux enrichis, en particulier en cystéine tels la gélose chocolat enrichie (Polyvitex®), au sérum, glucosée ou encore au jaune d'oeuf ou flacons pour hémoculture ou encore le milieu BCYE (sans antibiotique). La croissance est faible et lente (3-6 jours) sur la gélose au sang frais, aucune hémolyse n'est observable. Enfin il convient de connaitre la nécessité de conserver les flacons d'hémoculture, au moins 21 jours.
Dès la suspicion constatée, travailler avec masque et gants en hotte - Quelques caractères d'orientation peuvent aider au diagnostic :
Exemple d'identification (F. tularensis subsp. holarctica) avec la galerie API NH L'automate Vitek-2 (bioMérieux) permet l'identification de F. tularensis subsp. holarctica.
D'autres caractères d'identification peuvent être recherchés: http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/ff/francisella.html - Puis envoyer la souche pour identification définitive au Centre National de Référence (CNR) récemment créé en France (2002) : http://www.invs.sante.fr/surveillance/cnr/liste_cnr_200705.htm http://www.sante.gouv.fr/adm/dagpb/bo/2002/02-41/a0413306.htm
D'autres amorces ont été proposées comme celles du gène codant pour la lipoprotéine de 17 Kda qui permettent la détection du genre Francisella).
- Le diagnostic sérologique est la méthode la plus utilisée et la plus fréquemment positive faisant appel à la réaction classique de macroagglutination en tube (cf ci-dessous) soit encore à une réaction d'immunofluorescence indirecte (IFI) ou ELISA. Ces réactions ont une spécificité médiocre, en particulier à la phase initiale:
Diagnostic allergique La recherche d'une hypersensibilité retardée par l'intradermo-réaction à la tularine qui est sensible, spécifique et précoce n'est plus disponible en France, en l'absence d'antigène commercial. - Pouvoir pathogène expérimental
La surveillance épidémiologique repose sur la notification des cas, sur l'envoi de la souche isolée ou des produits pathologiques pour identification du germe et typage des souches au CNR de la tularémie à l'AFSSA de Maisons-Alfort, et sur l'envoi du sérum au laboratoire de microbiologie du centre hospitalier de Cahors.
- Sensibilité aux antibiotiques - Traitement . In vitro, cette bactérie est sensible à de nombreux antibiotiques tels aminosides (streptomycine, gentamicine), tétracyclines (doxyxycline, minocycline), macrolides (érythromycine), synergistines (pristinamycine), phénicolés (chloramphénicol) et fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine). En pratique, l'antibiogramme sera réalisé sur une gélose de Mueller-Hinton au sang cuit enrichie en Polyvitex® incubée à 37°C durant 48 h. Un E-test pourra être effectué pour préciser la CMI d'un antibiotique lors de doute. . La résistance naturelle s'observe en particulier vis-à-vis des ß-lactamines dont les pénicillines à large spectre et les céphalosporines (céfalotine, céfuroxime, céfoxitine), l'imipénème reste très actif. Donc un coccobacille à Gram-négatif, oxydase - catalase + faible et résistant aux C3G .......... . Une synergie est obtenue entre l'amoxicilline ou la ticarcilline et l'acide clavulanique. Pour l'érythromycine, on retiendra la résistance du biotype II de F. tularensis subsp. holarctica. . La résistance acquise n'apparait guère conséquente actuellement. D'ailleurs cette absence liée à une standardisation insuffisante de l'antibiogramme ne justifie pas réellement sa mise en oeuvre, si ce n'est à cause de son intérêt taxonomique. . Le traitement classique qui devra être le plus précose possible s'appuiera sur les antibiotiques suivants: streptomycine à la dose de 30 mg/kg en IM pendant 10-14 j ou la gentamicine à la dose de 5 mg/kg/j par la voie IV pendant 10 j, l'alternative classique était la doxycycline (200 mg/j per os pendant 14-21 jours). Plus récemment, les fluoroquinolones ont montré leur efficacité dont la ciprofloxacine (1g/24 h en 2 prises orales) ou l'ofloxacine (800mg/24 h en 2 prises orales). * Une association d'antibiotiques est recommandée à la phase précoce jusqu'à la régression de l'adénopathie.Un drainage ganglionnaire peut être nécessaire avec une durée de traitement de 3 semaines. http://www.eurosurveillance.org/em/v09n12/0912-134.asp - Prophylaxie Chez l'homme Prophylaxie sanitaire
Chez l'animal
Quelques adresses:
http://www.invs.sante.fr/publications/guides_biotox/guide_tularemie.html http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/zoonose/11z.htm www.agmed.sante.gouv.fr www.ifrance.com/maladies-a-tiques http://www.who.int/topics/tularaemia/fr/ http://www.vet-lyon.fr/ens/faune/Fiches/Syntheses/tularemie_synth.htm http://www.bt.cdc.gov/agent/tularemia/index.asp http://umvf.cochin.univ-paris5.fr/article.php3?id_article=689 http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/home.php?Lng=FR http://www.dsmz.de/microorganisms/main.php?contentleft_id=14 http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/suivi-sanitaire.php Revue générale: J.Vaissaire,C. Mendy, C. Le Doujet, A. Le Coustumier. La Tularémie. La maladie et son épidémiologie en France. Médecine et maladies infectieuses; 2005, 35: 273280
Ce cours a été préparé par le Professeur A. PHILIPPON (Faculté de Médecine Paris V, Université René Descartes), le Dr. J. VAISSAIRE (Responsable Secteur Bactériologie Spéciale à l'AFSSA de Maisons-Alfort - CNR Tularémie) et le Dr. A. LECOUSTUMIER (Laboratoire associé au CNR Francisella, Centre hospitalier Cahors).
Ancienne version (22.05.99), Nouvelle version (03 09.05). |
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