BRUCELLA
- INTRODUCTION La brucellose, maladie humaine au cent visages, quelquefois de diagnostic difficile, est une zoonose transmise à partir de diverses espèces animales (mammifères domestiques, le plus souvent) à l'homme qui est un hôte accidentel, par voie cutanéo-muqueuse (contact avec un animal infecté ou un objet contaminé) ou encore digestive (ingestion d'aliments crus contaminés tels lait, produits lactés, fromages.......). Certaines espèces de Brucella sont pathogènes pour l'homme : B. melitensis (transmise surtout en France par les caprins et les ovins), B. abortus (bovins), B. suis (porcins), et selon les pays (non diagnostiquée en France): B. canis (canins) et très récemment, les nouvelles Brucella marines. Certaines professions étant particulièrement exposées tels agriculteurs, éleveurs, vétérinaires et personnel d abattoir, il s agit dune maladie professionnelle à déclaration obligatoire en France. (http://www.invs.sante.fr/surveillance/mdo/fiches/fiche_brucellose.pdf). Cette zoonose a des répercussions importantes aussi bien pour la santé publique que pour l'économie de la plupart des pays en voie de développement. La maladie animale a été maîtrisée par une prophylaxie sanitaire et quelquefois médicale (vaccin) dans divers pays développés ayant entraîné une diminution considérable du nombre de cas humains. La France en constitue un exemple significatif. La brucellose bovine, ovine et caprine y est maintenant éradiquée depuis 2003.
Sa survenue chez l' homme dépend en grande partie du réservoir animal et la prévalence et l' incidence d'infection chez lhomme est en général, parallèle à celle de l'infection chez les bovins, les moutons et les chèvres. Enfin c'est un agent potentiel du bioterrorisme (agent biologique de la classe 3) (http://www.cnrs.fr/SDV/Dept/ogmclassi2.html), aussi un Centre National de Référence (CNR) a-t-il été récemmment créé en France (voir plus bas). Guide d' investigation: http://www.invs.sante.fr/publications/guides_biotox/guide_brucellose.html - HISTORIQUE
Le rôle de l'animal comme réservoir, en particulier la chèvre, a été bien démontré, en particulier, suite à la création de la "Commission britannique de la fièvre méditerranéenne" avec T. Zammit et Horrocks (1904-1907). Enfin la brucellose ou fièvre de Malte a été bien décrite dans les autres pays du pourtour méditerranéen. La bacille de Bang a été cultivé au Danemark, dès 1895 par B. Bang, vétérinaire danois, à partir de produits d'avortements (foetus, cotylédons) dans des élevages bovins présentant des avortements à répétition (enzootie). Cette bactérie fut, donc, dénommée "Bacillus abortus". Puis en 1914, aux Etats-Unis, un autre réservoir animal fut identifié, à savoir les porcins dans le cadre d'avortements (truies) par Traum. La relation entre Micrococcus melitensis et Bacillus abortus na été établie quen 1917 par Alice Evans, bactériologiste américaine, qui proposa la création d'un genre, Brucella avec les espèces suivantes: B. melitensis, B. abortus et B. suis. D'autres espèces ont été incluses ensuite dans ce genre, mais ces bactéries, restées longtemps sans famille, appartiennent maintenant à la famille des Rhizobiaceae: * B. ovis, isolée de moutons, en particulier dans le cadre de stérilité du bélier en 1953: *¨B. neotomae, espèce isolée en 1957 de rongeurs du désert (N. lepida) rencontrés dans les zones désertiques du Utah (États-Unis). * B. canis identifiée en 1966 aux USA, par Carmichael comme agent davortements chez la chienne de race Beagle, très utilisée par l'industrie pharmaceutique. * Enfin en 1994,ont été rapportées plusieurs espèces marines (B. cetaceae, B. pinnipediae), d'une part, chez un dauphin en captivité (lors d'un avortement) en Californie, d'autre part, chez les phoques ou marsouins. Depuis, plusieurs souches ont été isolées de cétacés et pinnipèdes marins en Amérique comme en Europe (du nord surtout). En France, une souche a été isolée en 1996 d'un dauphin à La Rochelle et en 2005, d'un marsouin dans le Cotentin (données du CNR). De rares cas humains ont été rapportés aux USA et en Grande-Bretagne notamment. Placenta de dauphin infecté (http://medicine.ucsd.edu/cpa/dolph.html) - TAXONOMIE- CLASSIFICATION Les bactéries du genre Brucella appartiennent au groupe alpha des Proteobacteria (sous-groupe a2) et maintenant à la famille des Rhizobiaceae. Les espèces bactériennes, phylogéniquement les plus proches, sont les Bartonella, autres bactéries responsables de zoonoses; des bactéries de lenvironnement, d'autres rarement isolées chez lhomme comme Ochrobactrum anthropi, Afipia felis.......) ; et enfin des bactéries pathogènes ou symbiotes de plantes comme Rhizobium, Agrobacterium. Ces bactéries appartiennent aux alpha-Proteobacteria, à l'ordre des Rhizobiales et enfin à la famille des Brucellaceae avec les genres Brucella, Mycoplana, Ochrobactrum..... http://www.ncbi.nlm.nih.gov/Taxonomy/Browser/wwwtax.cgi?id=234 Le genre a été divisé en, au moins, six espèces, séparées en biovars ou biotypes alors qu'au plan génomique, une seule espèce existe: B. melitensis. En effet, les études fondées sur lhybridation ADN/ADN ou sur la séquence du gène codant pour lARN ribosomal 16S ont montré que le genre Brucella est monospécifique (B. melitensis), les anciennes espèces étant ramenées au rang de sous-espèces ou nomenspecies. Ces distinctions entre anciennes espèces ont, cependant, un intérêt au plan épidémiologique, ils existe des hôtes ou réservoirs de prédilection. prédilection et un niveau de pathogénicité selon l'espèce animale/humaine assez spécifique pour chaque espèce de Brucella ou certains biovars. http://www.the-icsp.org/subcoms/brucella.htm Plusieurs génomes sont maintenant connus pour les trois principales espèces: B. abortus, B. melitensis et B. suis. Le génome des Brucella est, en fait, constitué de deux réplicons circulaires, avec un ratio GC de 5758 %. Le génome de B. melitensis 16M, comprend deux chromosomes circulaires de 1,17 et 2,11 Mbp (2001). Cette organisation est retrouvée chez B. abortus (2,12 et 1,16 Mbp) et B. suis 1330 (2,10 et 1,20 Mbp) respectivement en 2005 et 2002. Cependant, un seul chromosome circulaire de 3,2 Mbp a été observé pour B. suis biovar 3. - PRINCIPAUX CARACTERES BACTERIOLOGIQUES - Ceux sont de petits coccobacilles à Gram négatif (à gauche), mesurant 0,6 à 1,5 µm de long et de 0,5 à 0,7 µm de diamètre, non capsulés, non sporulés. A l'état frais, ils sont animés de forts mouvements browniens pouvant conduire à détecter une fausse mobilité.
- Leur culture exige lusage de milieux enrichis tels gélose Columbia au sang frais ou chocolat, la gélose trypticase soja additionné de sérum........ Les milieux commerciaux actuels conviennent bien. Certaines souches (certains biovars de B. abortus, B. neotomae, B. ovis...) se développent mieux en atmosphère contenant 5 à 10 % de CO2. La température de croissance optimale est 34-35°C. L isolement des Brucella, en particulier en primoculture, nécessite des temps dincubation d'au moins 3 à 4 jours (automate d'hémoculture) jusqu'à 2 à 3 semaines. Les colonies sont translucides, rondes à bords réguliers. La culture en milieu liquide présente un trouble léger (exemple sur BHI, à droite).
- Ces bactéries sont aérobies strictes, catalase +, oxydase +, NO3 + et uréase +. L'ensemble des autres caractères métaboliques (hydrates de carbone, protéines, acides aminés, acides nucléiques) est négatif: germes non fermentaires mais oxydatifs, VP-, LDC-, ODC-, ADH-, indole -, lactose - ......................... On reteindra que lutilisation de la galerie didentification API NE peut conduire à une fausse identification (Moraxella phenylpyruvica).
Métabolisme oxydatif selon l'épreuve de MEVAG : germe indifférent Le diagnostic de genre Brucella est relativement simple. On peut y ajouter les caractères d'agglutination (identification antigénique) et de sensibilité aux antibiotiques dont les tétracyclines (TET) et la rifampicine (RIF). - Caractères antigéniques
- L' identification ultérieure en espèce et biovar fait appel aux caractères suivants: exigence ou non en gaz carbonique (CO2), production de SH2, la croissance ou non sur des milieux gélosés contenant des concentrations variables de colorants inhibiteurs tels thionine, fuschine basique ..... sensibilité variable aux bactériophages Tb, Wb, Bk, R/C.......... - Caractères génomiques - HABITAT - POUVOIR PATHOGENE NATUREL Les Brucella sont des pathogènes intracellulaires facultatifs, parasites du sytème réticulo-histiocytaire. Elles sont pathogènes pour de très nombreuses espèces de mammifères, domestiques ou sauvages telles bovins, ovins, caprins, porcins, carnivores, lagomorphes, rongeurs mais aussi chevreuil, caribou, renne, bison et même mammifères marins tels dauphin, otarie...... Brucella: Espèces et biovars, caractéristiques épidémiologiques, hôte animal préférentiel, pouvoir pathogène chez lhomme (selon M. Maurin)
** Deux cas dinfection humaine, rapportés chez des patients péruviens, émigrés récemment aux États-Unis, et présentant une atteinte neurologique et comme facteurs de risque, une consommation régulière de fromages frais et de fruits de mer crus, ainsi qu'un cas de contamination au laboratoire en Grande-Bretagne.. La brucellose animale, malgré de rares cas d' arthrite ou d'hygroma,
est essentiellement une maladie de la reproduction se caractérisant: - chez le mâle: épididymites, orchites, stérilité Endométrite En-dehors de la gestation, l'infection peut être asymptomatique malgré une éventuelle élimination de Brucella durant plusieurs mois par différentes voies: mammaire, vaginale, spermatique. La brucellose animale sera donc, souvent chronique et bien tolérée. L'avortement, la baisse de fertilité, voire l'infertilité ainsi que le risque sanitaire des mammifères domestiques rend compte de l impact économique de cette zoonose non négligeable (FAO).
- POUVOIR PATHOGENE CHEZ L'HOMME Mode de transmission chez l homme :
Ingestion d aliments contaminés (lait et produits dérivés non pasteurisés, plus rarement crudités contaminées par du fumier ou exceptionnellement abats insuffisamment cuits comme rate, foie, testicules.....). Les mains contaminées par un produit souillé peuvent entraîner exceptionellement une contamination par voie digestive.
Inhalation de poussière de litière, d aérosol contaminé dans un laboratoire, un abattoir ou encore dans une étable vide pour cause de la transhumance. La transmission inter-humaine reste exceptionnelle, voire inexistante, car l' excrétion y compris par voie génitale n'a jamais été démontrée chez l'homme. Lorsque plusieurs membres d'une même famille ou d'une même communauté sont atteints, il est clair qu'ils sont, avant tout, le plus souvent exposés aux mêmes facteurs de risque décrits ci-dessus. RETENIR LA NOTION DE MALADIE PROFESSIONNELLE Les éleveurs, les fermiers, les vétérinaires, et les travailleurs des abattoirs sont professionnellement exposés à la maladie. La brucellose peut être contractée de façon accidentelle chez le personnel de laboratoire lors de la manipulation de cultures de Brucella ou de prélèvements biologiques contaminés. Un exemple inhabituel de contamination est celui d'artisans venant travailler dans une étable ou bergerie infectée bien que vide (pour cause de transhumance) ou lors de l'inoculation transcutanée par piqûre accidentelle d'un vaccin vivant de type B19, Rev-1....... chez les vétérinaires, et plus rarement les éleveurs.
Plusieurs phases sont individualisées : http://www.emedicine.com/emerg/topic883.htm - Primo-invasion aiguë (brucellose aiguë septicémique ou fièvre sudoro-algique): syndrome grippal banal ou encore il s agit de la fièvre ondulante sudoro-algique de début insidieux associée à des myalgies, arthalgies s accompagnant de sensations de malaise.
Symptomes et signes de la Brucellose (> 900 observations)(http://emedecine.com)
* Anorexie, asthénie, fatigue, faiblesse, malaise « patraquerie brucellienne»; ** Douleurs abdominales, constipation, diarrhée, vomissements; *** Anxiété, confusion, dépression, insomnie; **** Paralysie, rigidité nuque, dème papillaire; a, 400 observations; b, 530 observations
- EPIDEMIOLOGIE
Les brucelloses sont essentiellement des maladies animales de répartition mondiale dont la prévalence peut varier considérablement d'un pays à l'autre et d'un réservoir animal à l'autre.
En France, grâce à la prophylaxie obligatoire introduite en France dans les années 65, la prévalence a fortement diminuée mais de manière variable selon le réservoir. En 2003, il est possible de parler d'éradication de cette maladie chez les bovins, ovins et caprins.
Cependant la brucellose à B. suis biovar 2 est endémique en France chez le sanglier et le lièvre. Les densités de population chez le sanglier ne cessent d'augmenter et sont à l'origine des foyers sporadiques chez le porc domestique élevé en plein air (contamination vénérienne le plus souvent).
Des foyers peuvent exister dans la faune sauvage: http://www.vet-lyon.fr/ens/faune/maladies.htm Chez l'homme, deux espèces prédominent en France, B. melitensis et B. abortus, B. melitensis étant responsable des infections les plus graves. La brucellose humaine reste endémique dans certains pays du bassin méditerranéen, au Moyen Orient, en Asie de lOuest, et dans certaines régions d Afrique et d Amérique latine. Toutefois, son incidence réelle peut être sous-évaluée. En Europe, la brucellose demeure endémique dans certains pays tels la Grèce, le Portugal ou l Espagne. L' Afrique du Nord et le Proche Orient sont également très concernés. En France, le nombre de cas déclarés a été faible en 2000 et en 2001, respectivement 44 et 23, soit une fréquence respective de cas/100.000 habitants de 0,07 et 0,04. La surveillance de la brucellose (MDO) est maintenant organisée depuis fin 2002 par l action conjointe de lInstitut de Veille Sanitaire (InVS), du centre national de référence (CNR) des Brucella (Dr Garin-Bastuji, AFSSA), et du laboratoire associé au CNR (Pr. Maurin, CHU de Grenoble), sous la tutelle du Ministère de la Santé. Jusqu'à très récemment, la brucellose humaine était majoritairement une maladie professionnelle, les personnes à risque sont certains professionnels, doù une prédominance masculine. Dernier rapport : http://www.invs.sante.fr/publications/default.htm, maladies infectieuses à déclaration obligatoire, pages 199 à 201, 2003.
65 % des personnes atteintes étaient de sexe masculin, 34,9 % de sexe féminin avec une moyenne d âge de 42 ans (+ ou - 17 ans). Il sagissait de façon prédominante dinfections à B. melitensis (70% des cas), biovars 1 (Nord) et 3, et plus rarement B. abortus biovars 3 et 4 (Massif Central). Depuis la disparition du réservoir animal en France, la brucellose humaine est une maladie d'importation touchant des populations originaires de zones d'endémie (principalement Portugal, Afrique du Nord, Moyen Orient) ou de personnes ayant visité ces régions où elles se sont contaminées (principalement par consommation de produits laitiers crus ou au contact d'animaux infectés). Lespèce B. suis reste exceptionnelle. Elle est surtout présente en Asie et en Océanie. Ainsi des cas sporadiques sont régulièrement observés en Polynésie Française et à Wallis et Futuna où la brucellose porcine est fréquente. Enfin B. canis (1 cas vraisemblablement importé décrit dans un chenil d'élevage en 1996 en France) et les espèces "marines" (deux cas identifiés sur les côtes françaises) n ont jamais été isolées chez l'homme en France. L existence de cas groupés entraîne une enquête. Brucella est considérée comme une arme biologique poitentielle avec une dissémination par aérosol, scénario le plus probable. - PHYSIO-PATHOGENIE Les Brucella (agent biologique de la classe 3) pénètrent l'organisme par plusieurs voies : cutanée, oculaire, digestive ou respiratoire. La voie de contamination principale est vraisemblablement digestive. Il y a pénétration à travers une muqueuse (conjonctive, pharyngée, buccale, nasale, respiratoire............ puis les bactéries gagnent par voie lymphatique, le premier relais ganglionnaire. Elles se multiplient et disséminent dans tout l'organisme par voie lymphatique et sanguine (bactériémie continue à la phase d'invasion). Ainsi après une période d incubation variable, de l'ordre d'une dizaine de jours, la brucellose se caractérise dans sa phase aiguë par une septicémie (stade primaire de la fièvre sudora-algique). Ces germes sont phagocytés plus ou moins rapidement par les macrophages ou monocytes, puis détruits avec libération d'antigène et d'endotoxine. Ce sont des parasites intracellulaires facultatifs du système réticulo- histocytaire (splénomégalie, hépatomégalie). Exemple d'un macrophage infecté (http://www2.cnrs.fr/presse/thema/179.htm). Leur S-LPS est moins toxique pour les macrophages, moins pyrogène, et moins inducteur de sécrétion d interféron-C et de TNF-alpha que celui des entérobactéries. Les Brucella sécrètent également un facteur empêchant lapoptose des macrophages infectés. Leur multiplication intracellulaire a lieu dans un autophagosome, après inhibition de la fusion phagolysosomiale. Enfin lacidification de la vacuole de phagocytose induit lexpression dun système de sécrétion de type IV (VirB), essentiel à la virulence des Brucella dans les modèles expérimentaux cellulaires ou animaux.
- DIAGNOSTIC CHEZ L'HOMME Au plan hématologique, il n'y a pas de leucocytose, seule une neutropénie, plus rarement une thrombopénie pourront être rapportée. Un syndrome inflammatoire est généralement noté, en particulier une élévation de la protéine C réactive sérique. Plus rarement, une élévation des transaminases hépatiques mais modérée peut être observée. Lors dexamen du liquide articulaire (arthrite brucellienne), il est rapporté un taux élevé de leucocytes (> 103/mm3) montrant une prédominance de polynucléaires neutrophiles. Enfin lexamen du LCR (si méningite) montre le plus souvent un liquide clair avec présence de leucocytes mais une prédominance de lymphocytes, la protéinorrachie étant élevée mais pouvant s'accompagner dune hypoglycorrachie. - Si le diagnostic sérologique est le plus fréquent, plus particulièrement en zone d'endémie, seul le diagnostic bactériologique par culture et isolement de la souche apportera la certitude. Les techniques d amplification génique (PCR) offrent de nouvelles perspectives mais sont limitées à des laboratoires spécialisés. 1/ DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE La recherche de Brucella n'est pas courante dans la pratique quotidienne, d'une part, cette bactérie pousse plus lentement que nombre de bactéries responsables d'infections urinaires, respiratoires ou septicémiques. D'autre part, les Brucella font partie de la classe biologique 3, donc potentiellement dangereux. Aussi à la moindre suspicion, il convient de préciser cette recherche au biologiste. ATTENTION AUX RISQUES DE CONTAMINATION Prélèvements
Caractères de culture : Les Brucella poussent pauvrement et lentement sur les milieux habituels tels milieux pour hémoculture ou gélose chocolat à 37°C et en présence ou non de CO2. Car certaines espèces et biotypes sont exigeantes en gaz carbonique (CO2)(en particulier B. abortus). Voici quelques aspects culturaux à 37°C après 48 h (haut) et 72 h d'incubation (bas) Voici des aspects de culture sur la gélose trypticase soja L'aspect des colonies (S, R) est important à rechercher pour la sélection des souches vaccinales. Aussi l'observation des colonies peut se faire par la technique de transilllumination oblique :
Orientation diagnostique rapide du genre Outre la culture lente en présence ou non de CO2, l'aspect des colonies (petites, translucides), il sera recherché les premeirs caractères suivants: coccobacilles à Gram-négatif catalase + (à gauche), oxydase + (au milieu), uréase + (à droite).
NE PAS OUBLIER DE FAIRE LA DECLARATION (MDO) Diagnostic d'espèce et de biovar Le diagnostic bactériologique final est basé sur plusieurs épreuves comme celle complexe et longue, inutilisée en pratique de détermination du spectre oxydatif vis-à-vis de divers substrats de type hydrate de carbone et acide aminé. La consommation d'oxygène est mesurée en fonction du substrat dans un manomètre de type Marburg (ci-dessous): La lysotypie sera préférée en utilisant divers bactériophages à la dose courante d'épreuve (DCE): Tb, Wb, Bk, R/C....... selon la procédure montrée ci-dessous : Détermination de la DCE pour le bactériophage Tb Lysotypie avec le bactériophage Tb Parmi les autres épreuves d'identification (dites de Huddleson) peuvent être recherchées la production de H2S, la croissance ou non sur des milieux gélosés contenant des concentrations variables de colorants inhibiteurs tels thionine (T), fuchsine basique (F).
DIAGNOSTIC GENOMIQUE
Compte tenu de la rareté actuelle d'isolement de souche en médecine humaine en France, une amplification du gène codant pour l'ARN ribosomal 16S sera plus facile à obtenir, suivie d'un séquencage. En fait, celui-ci confirmera rapidement qu'il s'agit d'une bactérie du genre Brucella.
La différenciation des espèces impliquées, voire de certains biovars, peut être obtenue par analyse de profil de restriction en champ pulsé du génome bactérien, ou mieux par amplification de certains gènes suivie ou non d'une restriction comme montré ci-dessous, ou encore par la technique d amplificationhybridation (AMOS PCR). Ces techniques restent très spécialisées.
- DIAGNOSTIC INDIRECT Sérodiagnostic Cinétique d'évolution des anticorps
* La séroagglutination lente en tube ou sérodiagnostic de Wright est la plus ancienne technique étalonnée au plan international (réponse en Unités Internationales possible). elle fait appel à une suspension de germes en phase lisse tués.
Les agglutinines apparaissent dès le 10e jour de la maladie (IgM), puis suivent une cinétique passant par un optimum, puis il y a décroissance jusqu'au 5-8e mois d'évolution. L'intérêt de cette technique se situe au stade de la brucellose aiguë et sub-aiguë. Un titre positif correspond à une agglutination complète au 1/80e (100 UI). Lors de doute, une autre sérologie sera prescrite 1 à 2 semaines plus tard. ATTENTION 1 - Le phénomène de zone (absence d'agglutination dans les premières dilutions peut être éviter en effectuant un nombre suffisant de dilutions (jusqu'au 640/1280 ème) Exemple d'un phénomène de zone avec un titre positif au 1/160e
2 - Ne pas oublier de rechercher lors de négativité des tubes, la présence d'anticorps bloquants en ajoutant une goutte d'immunsérum anti-Brucella après 24 h d'incubation à 37°C pour les trois premières dilutions. Une seconde lecture est effectuée après une nouvelle incubation de 24 h à 37°C. L'éclaircissement des tubes (ci-dessous) correspond à une réponse négative. 3 - Une sérologie positive doit tenir de l'éventuelle manque de spécificité. Il conviendra, ainsi, de rechercher une éventuelle infection à Y. enterocolitica 09, une tularémie, ou encore une éventuelle vaccination à V. cholerae .... ** Epreuve à l'antigène tamponné (EAT), dénommé aussi test au rose Bengale. Il s'agit d'une variante d'agglutination rapide sur lame avec le sérum non dilué. L'interprétation est similaire à celle de l'agglutination lente en tubes mais la cinétique des anticorps est décalée (IgG détectés) et plus longue que celle du sérodiagnostic de Wright.
*** Les autres épreuves sérologiques tiendront compte du stade d'évolution dela maladie tels brucellose sub-aiguë ou chronique et de la sensibilité respective des techniques sérologiques comme immunofluorescence indirecte, test de Coombs, déviation ou fixation du complément, ELISA et enfin de la cinétique des anticorps. Dans tous les cas de suspicion, il convient d'adresser le sérum au CNR-Laboratoire associé (CHU Grenoble Pr Maurin)
- Diagnostic allergique L'intérêt des tests diagnostiques varie en fonction de la forme de la maladie. - DIAGNOSTIC CHEZ L'ANIMAL :
Diagnostic direct
La recherche de Brucella par culture est donc très fortementre commandée. Les prélèvements de choix sur lanimal vivant sont les sécrétions génitales (écouvillonnage vaginal en zone péri-cervicale) et le lait, lexcrétion mammaire et génitale étant généralement prolongées dans ces espèces. Lavorton (contenu stomacal, poumon et rate) et les annexes placentaires constituent également un prélèvement potentiellement intéressant et sont généralement riches en Brucella. Ils sont néanmoins souvent contaminés par la flore de lenvironnement et surtout dangereux tant pour le préleveur que pour le personnel chargé du transport et celui du laboratoire de diagnostic. Sur la carcasse, outre les testicules en cas dorchite chez le mâle, la rate et les ganglions lymphatiques (rétro-mammaire, parotidien, mandibulaire et rétro-pharyngien voire les ganglions iliaques) représentent les prélèvements les plus intéressants. Au laboratoire, les recherches seffectuent sur milieu sélectif de Farrell qui peut être complété pour plus de sensibilité par le milieu de Thayer-Martin. La sensibilité de la bactériologie reste néanmoins limitée, et les prélèvements et ensemencements doivent parfois être multipliés pour mettre en évidence la bactérie. Ceci est particulièrement vrai chez les animaux préalablement vaccinés. La méthode PCR développée depuis une dizaine dannées reste encore peu sensible (y compris la double amplification) et son intérêt réside surtout dans sa capacité de détection de bactéries tuées ou dans des prélèvements très contaminés par la flore annexe. Elle est actuellement considérée comme un bon complément de la bactériologie classique mais ne peut aucunement la remplacer.
Dépistage - Diagnostic indirect
Epreuves sérologiques - L EAT est une épreuve très sensible, détectant précocement linfection mais qui présente quelques défauts de spécificité (faux positifs en cheptel indemne, surtout chez le porc). Ces propriétés en font une excellente méthode de surveillance compte tenu de sa capacité à la détection des cheptels infectés. - La FC est quant à elle plus spécifique (moins de faux positifs), plus tardive et, dune façon générale, légèrement moins sensible que l EAT (plus de faux négatifs en cheptel infecté). Lutilisation conjointe des deux épreuves permet donc daccroître la sensibilité du dépistage et dassainir plus efficacement les cheptels infectés, si labattage concerne lensemble des animaux positifs à lune au moins des deux épreuves. - L ELISA indirect a, quant à lui, fait lobjet de nombreux travaux ces vingt dernières années. Très sensible, il semble moins spécifique que les deux précédentes épreuves. Sauf chez les bovins, il ne fait par ailleurs pas encore lobjet dune standardisation internationale et nest donc pas reconnu comme test officiel. Chez les bovins, le Ring-test et l' ELISA sont également utilisables sur le lait de tank des exploitations pour la surveillance des cheptels.
Epreuves dimmunité cellulaire Exemples de détection positive chez le bovin (encolure), l'ovin et le caprin (palbébrale)
- SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES - TRAITEMENT ** Lors d'un antibiogramme sur la gélose au sang cuit, il pourra être nécessaire de préciser la CMI pour les aminosides. Un E-test sera conseillé et effectué avec les précautions d'usage.
* Le premier protocole thérapeutique de la brucellose aiguë non focalisée, préconisé en 1965 par lOMS, proposait lassociation de la tétracycline (500 mg/4 fois/jour per os, 4-6 semaines) à la streptomycine (1 g/jour en injection intramusculaire ou IM, pendant les deux premières semaines). L'OMS a proposé comme alternative, lassociation de la doxycycline (200 mg/jour) à la rifampicine (600 à 900 mg/jour) pendant 6 semaines. Cependant, la durée de traitement doit être supérieure lors de localisation ostéo-articulaire. Pour en savoir plus: http://umvf.cochin.univ-paris5.fr/IMG/pdf/brucello.pdf La désensibilisation dans la forme chronique est devenue très difficile à obtenir en raison d'une insuffisance d'approvisionnement en allergène.
- PROPHYLAXIE
Cette maladie auparavant essentiellement professionnelle est en nette régression en France, et est désormais, si on excepte les rechutes de cas anciens, une maladie d'importation. Prophylaxie animale : La réglementation de la brucellose des animaux domestiques met en oeuvre des mesures sanitaires (dépistage et abattage des animaux infectés). http://www.aphis.usda.gov/vs/nahps/brucellosis/
Quelques adresses: Revue générale récente: M. Maurin. La brucellose à l aube du 21e siècle. Médecine et maladies infectieuses, 2005; 35: 616 Ce cours a été préparé par le Professeur A. PHILIPPON (Faculté de Médecine Paris V, Université René Descartes) et le Docteur B. GARIN-BASTUJI, CNR des Brucella/LNR des Brucelloses animales, AFSSA Maisons-Alfort (Nouvelle version du 30.08.05) |
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