HEMOCULTURE

Automate d'hémoculture (cliquer sur les images, si nécessaire)


Selon les travaux publiés et les laboratoires de Microbiologie Clinique, 10 à 20% des hémocultures prélevées sont positives (1 -5). Toutefois, 30 à 40% de ces hémocultures sont contaminées par des bactéries (commensaux de la peau) non responsables de bactériémie (3, 5 et 6). Le taux acceptable d’hémoculture contaminée devrait être de 3% (7).

Au regard de la juste prescription, 4 questions/ réponses sont en jeu

1) Quel est le nombre de ponctions à faire en cas de suspicion de bactériémie ?

Fig. 1

- L'élément clef pour le diagnostic d’une bactériémie est le volume total de sang prélevé.
Selon la littérature, un maximum de 3 ponctions, chacune de 10 ml et sur une période de temps très courte (30 mn), suffisent pour un diagnostic pertinent de bactériémie (3, 6, 8-10)(Figure 1).

- Un minimum de 2 ponctions est requis pour faire la différence entre une hémoculture contaminée (à expliciter en *, ex. bactérie présente dans l’environnement, sur la peau du patient ou chez le préleveur et introduite dans le flacon par l’aiguille lors du prélévement, et absente du sang du patient) et une hémoculture positive due à une bactériémie (bactérie présente dans le sang du patient) (8, 9, 11).
2) Faut-il répéter les ponctions ?

Un nombre > 3 ponctions est recommandé:
(1) lorsque la probabilité de bactériémie est forte et que les 3 premières ponctions sont négatives après 24 h d’incubation.

(2) quand la bactérie présumée est habituellement considérée comme un contaminant (endocardite sur valve prothétique)

(3) quand le patient suspect d’endocardite a reçu des antibiotiques dans les 2 semaines précédentes la ponction de sang.

3) Faut-il systématiquement prélever un flacon aérobie et un flacon anaérobie ?

Fig. 2

Les bactéries strictement anaérobies sont peu fréquemment responsables de bactériémies (3, 4). Le fait que le flacon anaérobie soit positif avec des bactéries non anaérobies strictes alors que le flacon aérobie prélevé au même moment est négatif, a, bien sûr, été décrit. Toutefois, une telle différence ne tient pas au fait que la dite bactérie ne croit pas en atmosphère aérobie mais au fait qu’aucun élément cellulaire bactérien n’a été inoculé au moment de la ponction dans le flacon aérobie alors qu’au moins un l’a été au moment du passage du sang dans le flacon anaérobie.

Ainsi, a-t-il été démontré que l’utilisation de 2 flacons aérobies au moment d’une ponction est aussi rentable que l’utilisation d’un flacon aérobie + un flacon anaérobie (3).

Une fois de plus c’est le volume de sang prélevé par ponction qui est déterminant (Figure 3)(8).

Un flacon anaérobie peut être prélevé en même temps qu’un flacon aérobie à chacune des 3 ponctions quand une bactériémie à bactérie anaérobie est suspectée (ex. infections digestives profondes post-chirurgicales tardives, gynécologiques profondes, infections des tissus mous et infections ORL) (4, 12).

Dans ce cas, chaque ponction de 10 ml sera répartie dans les 2 types de flacons (5 ml + 5 ml, ou 10 ml en anaérobie).

4) Peut on prélever les hémocultures à partir d’un cathéter ?

Fig. 4

Oui pour faire le diagnostic de bactériémie liée au cathéter.

Toutefois, le prélèvement de sang fait à partir d’un cathéter doit être doublé immédiatement par une ponction veineuse périphérique afin de définir si l’éventuelle positivité de l’un et/ou des 2 types d’hémocultures signe une pure contamination du cathéter (HcKT + et Hc périph -)(Figure 4), une bactériémie liée au cathéter (HcKT + et Hc périph +) ou une contamination du cathéter et une bactériémie liée à un autre foyer infectieux (HcKT + et Hc périph + avec deux bactéries différentes)

BIBLIOGRAPHIE

1. Beutz M., G. Sherman, J. Mayfield, V. J. Fraser, and M. H Kollef. 2003. Clinical utility of blood cultures drawn from central vein catheters and peripheral venipuncture in critically ill medical patients. Clin. Invest. Cri. Care. 123: 854-61.

2. Schermer C. R., D. P. Sanchez, C. R. Qualls et al. 2002. Blood culturing practices in a trauma intensive care unit: does concurrent antibiotic use make a difference? J. Trauma. 52: 463-68.

3. William Michael D., J. Tillman and P. L. Havens 1994. Assessing the need for anaerobic medium for the recovery of clinically significant blood culture isolates in children. Pediatr. Infect. Dis. J.. 13: 203-6.

4. Ortiz E. and MA Sande. 2000. Routine use of anaerobic blood cultures: are they still indicated?. Am. J. Med. 108: 505-6.

5. Metersky M. L., A. Ma, D. W. Bratzler and P. M. Houck. 2004. Predicting bacteremia in patients with community-acquired pneumonia. Am. J. Respir. Care Med. 169: 342-47.

6. Tabriz M. S., K. Riederer, J. Baran and R. Khatib. 2004. Repeating blood cultures during hospital stay: practice pattern at a teaching hospital and a proposal for guidelines. Clin. Microbiol. Infect. 10: 624-27.

7. Reller L. B, Murray P. R. and Maclowry J. O. 1982. Cumitech IA, blood cultures II. Coordinating ed., J. A. Washington II. American Society for Microbiology. Washington, D. C.

8. Aronson M. D. and D. H. Bor. 1987. Blood cultures. Ann. Intern. Med. 106: 246-253.

9. Lamy B., P. Roy, G.Carret, J. P Flandrois. and M. L. Delignette-Muller. 2002. What is the relevance of obtaining multiple blood samples for culture? A comprehensive model to optimize the strategy for diagnosing bacteremia. Clin. Infect. Dis. 35: 842-50.

10. Wilson WR. 1978. Sepsis: definitions, underlying conditions, manifestations. In: Washington JA II, ed. The Detection of Septicemia. West Palm Beach, Florida: CRC Press, Inc.; 1-21.

11. Ruhe J., A. Menon, D. Mushatt, P. Dejace, R. Hasbun. 2004. Non-epidermidis coagulase-negative staphylococcal bacteremia: clinical predictors of true bacteremia. Eur J. Clin. Microbiol. Infect Dis. 23: 494-98.

12. Saito T., K. Senda, S. Takakura, et al. 2003. Anaerobic bacteremia: the yield of positive anaerobic blood cultures: patient characteristics and potential risk factors. Clin. Chem. Lab. Med. 41: 293-7.

13. Keen A., L. Knoblock, L. Edelman, J. Saffle. 2002. Effective limitation of blood culture use in the burn unit. J. Burn Care Rehabil. 23: 183-89.