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Espace Etudiant
Cours de Bactériologie Médicale
TROPHERYMA
1 - Introduction
Tropheryma whipplei, bactérie intracellulaire récemment identifiée entre les Actinomycètes et les Cellulomonadaceae, est responsable de la maladie de Whipple (lipodystrophie intestinale). Cette maladie est rare bien quindividualisée depuis plus dun siècle. Son évolution est longue, marquée par divers épisodes de rémissions et rechutes, évoluant le plus souvent vers la mort en labsence d'un traitement antibiotique.
Le Docteur G.H. Whipple rapporta pour la première fois en 1907, un cas dont le rapport d'autopsie peut être consulté à l'adresse ci-jointe: http://www.WhipplesDisease.net
Les autres événements se rapportent à la mise en évidence des bactéries dans des biopsies duodénales par imprégnation argentique (cf image) puis par la coloration au PAS (Periodic Acid Schiff) par Black-Schaffer en 1949. Les travaux de Relman en 1992 montrèrent l?intérêt de la PCR (gène ARNr 16S) suivie du séquençage permettant l'identification de la bactérie. Enfin, sa culture a été rendue possible grâce à des techniques de cultures cellulaires (Raoult D. 2001).
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3 - Habitat- Epidémiologie
Il existe encore peu de certitudes, cette bactérie est probablement présente dans l'environnement compte tenu de la fréquence plus élevée de cette maladie chez les ruraux. La question d'une zoonose reste posée. Chez l?homme, des séquences d'ADN spécifiques ont été amplifiées dans la salive (35% de sujets sains) ou encore lors de biopsie duodénale (4,8% de sujets asymptomatiques). Cette bactérie pourrait être commensale. La maladie est rare en France (pas plus d?une dizaine de cas annuels) touchant de préférence, les sujets de sexe maculin de plus de plus de 50 ans.
4 - Pouvoir pathogène
- La maladie de Whipple a longtemps été une maladie digestive chronique, caractérisée par un syndrome de malabsorption chronique saccompagnant de diarrhée, de stéatorrhée (70-85%), de douleurs abdominales (50-90%) et associée à une perte de poids (80-90%). La délai moyen de diagnostic est de 4-5 ans.
- Les autres manifestations cliniques sont variées et non spécifiques:
Type
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%
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Manifestation
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Fièvre d'origine inconnue |
40-60
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Fièvre intermittente, fébricule
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Arthralgie |
70-90
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Polyadénopathie |
40-60
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Splénomégalie |
5-10
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Ascite |
5-10
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Manifestations cardiovasculaires |
35-65
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Endocardite à hémocultures négatives
Péricardite
Myocardite
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Manifestations du système nerveux central |
20-30
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Démence
Mouvements anormaux des globes oculaires
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Manifestations pulmonaires |
35-60
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Toux chronique
Douleur pleurale
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Manifestations oculaires |
5-15
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Uvéites, rétinites, perte d'acuité
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Anémie |
75-90
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Hyperigmentation cutanée |
40-60
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http://pages.infinit.net/patholuc/photo/0118254/query.htm
5 - Physiopathologie
La porte d'entrée est probablement digestive. La bactérie se multiplie activement dans le duodénum et le jéjunum. Lexamen anatomo-pathologique montre clairement une infiltration de la lamina propria par des macrophages révélés par la coloration PAS (Periodic Acid Schiff) ou d'autres techniques (cf image) montrant des bacilles intacts ou non, riches en polysaccharides. La dissémination par voie hématogène à dautres organes est ensuite possible.
Images à consulter: http://www.genomenewsnetwork.org/l
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6 - Diagnostic
- Circonstance la plus habituelle: Il s?agit d?un syndrome de malaborption digestive chez un malade de sexe masculin âgé de plus de 50 ans. Mais ne pas oublier les autres manifestations cf tableau ci-dessus.
- Parmi les signes biologiques, l?hyperleucocytose (inconstante), l?anémie microcytaire hypochrome (plus fréquente), la thrombocytose (très inconstante), ou encore une hyperéosinophilie peuvent être observées. Le bilan inflammatoire peut montrer une élévation de la VS et de la CRP. Les signes biologiques de la malabsorption digestive associent : hypoalbuminémie, hypocholesterolémie et carences vitaminiques.
- Le diagnostic direct le plus fréquent , il y a quelques années, était anatomo-pathologique : Rechercher sur la biopsie digestive ou plus rarement un autre prélèvement tel liquide de ponction......., la présence d'histiocytes spumeux PAS +. Cependant, sa spécificité est relative, car d?autres microorganismes (Mycobacterium, Rhodococcus
) peuvent donner une réaction PAS+.
http://www.labor-limbach.de/
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La place de la microscopie électronique est à l'heure actuelle limitée.
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- Autres approches diagnostiques:
* L'amplification génique (PCR) du gène codant pour lARNr 16S ou plus rarement dautres gènes (hsp65, rpoB) est la plus utilisée actuellement. Cette technique est utilisée sur toute biopsie, liquides de ponction, sang...... L'intérêt de séquencer le produit damplification est à visée épidémiologique ou phylogénétique.
La PCR en temps réel a été récemment proposée.
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* Lisolement par culture est réservée à de rares laboratoires spécialisés, car il nécessite des techniques de cultures cellulaires sur fibroblastes humains exigeantes en temps (temps de doublement de 18 j). L?intérêt de cette approche est de permettre de mieux étudier cette bactérie pour la mise au point d'un antibiogramme, d'une sérologie, voire de marqueurs épidémiologiques...
http://www.ncbi.nlm.nih.gov:80
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L'immuno-histochimie à l'aide d?anticorps polyclonaux peut être mise en oeuvre, mais elle est réservée à des laboratoires très spécialisés.
http://jcm.asm.org/
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Le diagnostic indirect par sérologie nest encore qu'expérimental.
7 - Traitement - Sensibilité aux antibiotiques
Il n'y a pas, à l'heure actuelle, de possibilité de réaliser un antibiogramme . Aussi, compte tenu de la rareté de cette affection, le traitement antibiotique reste empirique. Les tétracyclines ont été longtemps prescrites mais la fréquence des rechutes a modifié le schéma thérapeutique actuel. Celui-ci comprend, en particulier, un antibiotique qui traverse la barrière hémato-méningée en raison des atteintes méningées souvent asymptomatiques.
- Le traitement est dau moins un et présente une phase dattaque de 10-14 jours incluant une association dantibiotiques :
* pénicilline G (6-24 MU IV) + streptomycine (1g IM) ou ceftriaxone (2g IV)
* triméthoprime/sulfaméthoxazole (160/800 mg / 3 PO)
- Le traitement d'entretien dau moins 1 an est à base de l'un des antibiotiques suivants:
* triméthoprime/sulfaméthoxazole (160/800 mg X2 PO) |
* doxycycline (100 mg PO) |
* céfixime (400 mg PO) |
* pénicilline V (500 mg PO) |
- Parmi les alternatives, citons la rifampicine (Rifadine@)(300 mg x 3/j per os).
Une surveillance mensuelle pendant les 3 premiers mois de traitement simpose comprenant hémogramme, divers bilans (inflammatoire, hépatique) et la PCR sur sang total.
En cas de rechute (40% des malades), de nouvelles investigations seront entreprises.
Ce cours a été préparé par le Pr. C. POYART (Faculté de Médecine COCHIN-PORT-ROYAL, Université PARIS V)(27.02. 04).
Pour en savoir plus :
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