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Espace Etudiant
Cours de Bactériologie Médicale
1 - Introduction
Les rickettsies sont des bactéries à développement intracellulaire obligatoire. De nombreux animaux constituent le réservoir naturel de ces bactéries. Lhomme ne représente quun hôte accidentel, à lexception de R. prowazekii (agent du typhus exanthématique) qui est une espèce de réservoir essentiellement humain.
Les rickettsies infectent également de nombreux arthropodes, qui interviennent dans leur cycle infectieux en assurant la transmission inter-humaine, inter-animale ou de lanimal à lhomme de ces bactéries. Il ny a pas de transmission inter-humaine directe.
Les rickettsioses sont donc pour la plupart des zoonoses. On en distingue trois grands groupes :
- Typhus, comprenant le typhus exanthématique (typhus épidémique à poux ou typhus fever), autrefois à lorigine de pandémies dévastatrices, et le typhus murin (typhus endémique).
- Fièvres boutonneuses, très nombreuses.
- Typhus des broussailles (scrub typhus)
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2 - Taxonomie et caractéristiques bactériologiques
Les bactéries appartiennent à la famille des Rickettsiaceae, et comprennent deux genres bactériens : Rickettsia qui contient lensemble des espèces du groupe typhus et celles du groupe des fièvres boutonneuses, et Orientia avec une seule espèce, O. tsutsugamushi, responsable du typhus des broussailles.
Groupe typhus |
R. prowazekii |
typhus exanthématique |
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R. typhi |
typhus murin |
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R. canadensis |
Pathogénicité ? |
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Le groupe des fièvres boutonneuses comprend 20 espèces reconnues pathogènes chez lhomme. On citera notamment R. rickettsii, responsable de la fièvre pourprée des montagnes rocheuses aux Etats-Unis découverte par T.H. Ricketts en 1906 qui curieusement mourut du typhus en 1910.
R. conorii est responsable de la fièvre boutonneuse méditerranéenne, seule rickettsiose autochtone en France.
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- Typhus des broussailles est liée à O. tsutsugamushi.
Ces bactéries sont de petits bacilles intracellulaires (0.3 µm de diamètre x 1 à 2 µm de long), possédant une structure de paroi proche de celle des bactéries à Gram négatif, mais mal ou non colorées par cette technique. Des colorations spécifiques permettent de révéler ces bactéries, notamment la coloration de Gimenez (ci-joint).
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Lisolement et la multiplication in vitro de ces bactéries intracellulaires obligatoires nécessitent lutilisation de cultures cellulaires (eucaryotes). Elles se multiplient au niveau du cytosol des cellules infectées, avec possibilité dinfecter le noyau cellulaire pour les rickettsies du groupe des fièvres boutonneuses. In vivo, les cellules endothéliales sont les cellules cibles principales.
3 - Epidémiologie
3-1 Groupe typhus R. prowazekii est une espèce de réservoir essentiellement humain, même si la bactérie a été récemment isolée chez certains écureuils volants (flying squirrels) aux Etats-Unis. La transmission de la maladie est inter-humaine, par lintermédiaire dun vecteur, le pou du corps (Pediculus humanus corporis). R. prowazekii entraîne généralement la mort des poux infectés, qui prennent une coloration rouge après infection.
Le mode de transmission de la maladie explique sa répartition prédominante dans les pays en voie de développement, où linfestation par le pou du corps demeure prépondérante. Bien que la maladie soit absente de la plupart des pays industrialisés, il existe un risque potentiel dacquisition de la maladie dans la population des sans domicile fixe, infestée par le vecteur, à partir dun cas importé.
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R. typhi possède un réservoir animal étendu, représenté essentiellement par de petits rongeurs. Lhomme nest quun hôte accidentel. Les rats (Rattus ratus, R. norvegicus) sont habituellement à lorigine des contaminations humaines, par lintermédiaire dun vecteur , la puce du rat (Xenopsylla cheopis). Cette maladie est de répartition mondiale, bien que rare dans les pays occidentaux. Elle est détectée principalement dans les zones portuaires.
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Xenopsylla cheopis
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3-2 Groupe des fièvres boutonneuses
Les rickettsioses de ce groupe ont un réservoir animal, à partir duquel lhomme est infecté par lintermédiaire dun vecteur arthropode. Leur répartition géographique est étroitement liée à celle de leurs vecteurs respectifs.
La plupart de ces rickettsioses sont transmises par lintermédiaire dune ou plusieurs espèces de tiques " dures " (Ixodidés), qui présentent une spécificité despèce relative:
Rhipicephalus sanguineus, la tique du chien, est responsable de la transmission de R. conorii dans le pourtour méditerranéen.
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Rickettsioses en Afrique: http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol7no6/parolaG.htm
Dermacentor andersoni est la tique responsable de la transmission de la fièvre pourprée des montagnes rocheuses aux Etats Unis.
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Plus rarement, des vecteurs arthropodes non classés parmi les tiques sont en cause. R. akari, responsable dune fièvre vésiculeuse (" Rickettsialpox ") de répartition limitée (Etats-Unis, Ukraine et Slovénie notamment), est transmise par un acarien des petits rongeurs (Allodermanyssus sanguineus).
Rickettsia felis, espèce de description récente, est transmise à lhomme par la puce du chat (Ctenocephalides felis), cet animal étant réservoir naturel pour cette espèce.
3-3 Typhus des broussailles
4 - Pouvoir pathogène
Lincubation après piqûre de tique (ou autre arthropode vecteur) est en moyenne de 7 jours. Les rickettsioses sont le plus souvent évoquées devant un tableau clinique associant une fièvre dinstallation brutale, avec parfois céphalées, arthralgies, myalgies, évoquant un syndrome pseudo-grippal, et lapparition vers le 5ème jour dévolution dune éruption cutanée maculeuse ou maculo-papuleuse dabord du tronc puis pouvant se généraliser.
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Lassociation de cette symptomatologie à la découverte dun escarre cutané dinoculation et/ou la notion de piqûre darthropode (le plus souvent de tique) en zone dendémie ou au retour dun séjour en zone dendémie est caractéristique.
Une leucopénie, une élévation des transaminases et une thrombopénie sont fréquemment observées.
Les formes les plus sévères sont liées à la vascularite induite par un tropisme des rickettsies pour les cellules endothéliales, cellules cibles dans lesquelles a lieu la multiplication de ces bactéries.
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Le typhus se caractérise par une éruption cutanée très fugace voire absente et la fréquence dune atteinte neurologique (avec confusion ou tuphos) qui fait toute la gravité de la maladie.
R. prowazekii possède la particularité de pouvoir persister chez les patients infectés, avec la possibilité de résurgences plusieurs années après la primo-infection. Cette résurgence appelée maladie de Brill- Zinsser, correspond en général à un tableau de typhus atténué.
Les fièvres boutonneuses (à gauche) correspondent à la description la plus classique de ces rickettsioses. La fièvre pourprée des montagnes rocheuses est laffection la plus grave dans ce groupe.
Le typhus des broussailles (à droite) se caractérise aussi par la présence fréquente dune hépatomégalie, dune splénomégalie et dadénopathies multiples.
5 - Diagnostic biologique
- Le diagnostic repose surtout sur la sérologie. La détection des anticorps spécifiques est possible en règle générale après 2 à 3 semaines dévolution de la maladie. Il existe peu de réactions croisées avec des espèces non-rickettsiennes. Le test historique de Weil-Felix utilisait comme antigènes, trois souches de Proteus (P. vulgaris OX2, P. vulgaris OX19 et P. mirabilis OXK) du fait de lexistence de réactions croisées entre ces souches et les différents groupes de rickettsies. La multiplication in vitro des rickettsies en cultures de cellules eucaryotes permet aujourdhui la préparation de suspensions antigéniques.
Il est nécessaire habituellement de tester un antigène pour chacun des trois groupes (typhus, fièvres boutonneuses et typhus des broussailles), en fonction des données épidémiologiques. Lexistence de réactions croisées en sérologie entre les différentes espèces de rickettsies empêche habituellement détablir un diagnostic de lespèce en cause avec certitude.
La multiplication in vitro des rickettsies en cultures cellulaires permet aujourdhui la préparation de suspensions antigéniques. Il est nécessaire habituellement de tester un antigène pour chacun des trois groupes (typhus, fièvres boutonneuses et typhus des broussailles), en fonction des données épidémiologiques. Lexistence de réactions croisées en sérologie entre les différentes espèces de rickettsies empêche habituellement détablir un diagnostic de lespèce en cause avec certitude.
- Les techniques damplification génique (PCR) ont essentiellement un intérêt appliqué à la détection de lADN de rickettsies au niveau dune biopsie descarre cutané. Dans ce cas, elles sont très utiles pour établir un diagnostic rapide de rickettsiose: Exemple d'amplification de l'ARNr 16S.
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- La culture en cellules eucaryotes est possible, notamment à partir de sang ou de biopsies descarres cutanées. Ces techniques sont de mise en uvre difficile et de sensibilité médiocre, ce qui réduit considérablement leur intérêt diagnostique. En pratique, les cultures de rickettsies ne sont réalisées quen laboratoire de référence dans un but disolement de nouvelles souches.
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- Lidentification au niveau de lespèce a été longtemps réalisée sur des souches isolées par la méthode décrite par Philip en 1978 utilisant une batterie danticorps monoclonaux spécifiques despèce. Ce test est progressivement remplacé aujourdhui par amplification et séquençage de gènes de rickettsies tel ARNr 16S.
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6 - Sensibilité aux antibiotiques
Lévaluation de la sensibilité des rickettsies aux antibiotiques ne se fait pas en routine, car réalisée uniquement en culture cellulaire, généralement en laboratoire de référence.
Les ß- lactamines, les aminoglycosides et le cotrimoxazole sont inactifs.
Seuls les antibiotiques à bonne pénétration intracellulaire sont actifs vis-à-vis des rickettsies: tétracyclines, fluoroquinolones, mais aussi macrolides (josamycine), azalides (azithromycine) et chloramphénicol. Aucune résistance acquise à ces antibiotiques na été caractérisée à ce jour.
7- Prophylaxie
- Il nexiste pas de vaccin. La prophylaxie la plus efficace repose sur la lutte et la protection vis-à-vis des arthropodes vecteurs.
- Léradication des poux du corps par des mesures d'hygiène (lavage), le changement fréquent des vêtements et éventuellement lutilisation de poudres acaricides (ex. perméthrine) permet de lutter contre le typhus exanthématique.
- La lutte contre la prolifération des rats est efficace contre la propagation du typhus murin.
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- Concernant les rickettsioses éruptives ou fièvres boutonneuses, la protection vis-à-vis des piqûres de tiques, habituellement indolore, est essentielle. Il est nécessaire de rechercher ces acariens au niveau cutané de façon systématique notamment après un séjour en zone fortement infestée.
La tique ne peut habituellement transmettre les rickettsies quaprès attachement prolongé (plusieurs heures voire plusieurs jours) à son hôte. La protection vis-à-vis des piqûres dacariens est également essentielle dans la prophylaxie du typhus des broussailles. Une administration prophylactique hebdomadaire de doxycycline est également préconisée en zone de forte endémie.
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Ce cours a été préparé par le Professeur M. MAURIN (Faculté de Médecine de Grenoble)(01.11.03) .
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