HELICOBACTER PYLORI
1 - Introduction Le genre Helicobacter fait, comme les Campylobacters, partie des bactéries spiralées du tube digestif. Helicobacter pylori cultivé depuis 1982 est l'espèce inféodée à l'homme à l'origine des ulcères et du cancer au niveau de l'estomac. Les deux découvreurs australiens de cette bactérie viennent d'être justement honorés du Prix Nobel: http://nobelprize.org/medicine/laureates/2005/index.html 2 - Maladies associées La lésion de base de l'infection à H. pylori est une gastrite, c'est-à-dire une inflammation de la muqueuse gastrique qui a une définition histologique. Cette gastrite survient toujours quand H. pylori est présent. Elle peut persister des décennies, voire toute la vie du sujet sauf traitement intercurrent mais n'est pas forcément symptomatique. Par contre, elle peut évoluer vers les maladies suivantes : . Maladie ulcéreuse . Cancer gastrique . Autres maladies 3 - Epidémiologie H. pylori est une bactérie strictement humaine qui est transmise aux enfants en bas âge essentiellement dans le milieu familial. Sa transmission se fait par le liquide gastrique dans les pays développés suite à des vomissement ou régurgitations.
Dans les pays en développement, la voie fécale orale peut aussi être en jeu. La prévalence de l'infection dépend du niveau socio-économique. Actuellement on considère que 20 à 25% des adultes sont infectés en France, la prévalence augmentant de 20 à 70 ans. Chez les jeunes adultes autochtones la prévalence est <5%. 4 - Pathogénie H. pylori a la capacité d'induire une réaction inflammatoire chez l'homme. Certaines souches possèdent un îlot de pathogénicité appelé cag qui code pour différents gènes formant un appareil de secrétion de type IV et d'autres molécules qui peuvent être injectées dans les cellules eucaryotes. Là elles peuvent entraîner un réarrangement de l'action et stimuler la production d'interleukine 8. Une cytotoxine dit VacA, car vacuolisante peut aussi être produite en quantité importantes par certaines souches. On observe une augmentation de l'apoptose, de la prolifération cellulaire compensatrice et du risque de mutation en cas d'infection à H. pylori. 5 - Diagnostic (cf fiche de diagnostic) Il met en jeu des méthodes invasives et non invasives. 1/ Les méthodes invasives nécessitent l'obtention de biopsies gastriques obtenues par fibroscopie. Elles sont au nombre de 4 :
. L'examen histologique est le plus classique. Il nécessite des prélèvements de bonne qualité et un observateur expérimenté. La détection de bactéries spiralées se fait en surface après coloration par Hématéine Eosine Safran (HES) ou Giemsa, voire par réaction immunoenzymatique. . La culture nécessite des conditions particulières de transport de la biopsie et un broyage. Elle est effectuée sur un milieu enrichi contenant des antibiotiques pour inhiber les contaminants, maintenu 7 jours à 37°C en atmosphère microaérobie. L'identification de H. pylori est basée sur des tests biochimiques (oxydase, catalase, uréase +). Elle permet l'étude de la sensibilité aux antibiotiques. . Le test à l'uréase est un test spécial pour cette bactérie. Il est basé sur la production abondante d'uréase par H. pylori. Une biopsie où ces bactéries sont présentes mise dans un milieu contenant de l'urée, va l'hydrolyser en libérant de l'ammoniaque qui augmente le pH et fait virer un indicateur en 1 heure. . La PCR peut aussi être utilisée pour détecter H. pylori avec des amorces basées sur l'ADNr 16S ou des gènes spécifiques (vacA comme ci-dessous). 2/ Les méthodes non invasives comprennent (cf fiche diagnostique):
* La sérologie utilise des extraits antigéniques et recherche en général, les IgG sériques par ELISA. La sensibilité et la spécificité varient selon les trousses commercialisées mais peuvent être excellentes. La spécificité peut être améliorée en pratiquant un immunoblot. * Des tests immunoenzymatiques ont également été développés pour rechercher les antigènes de H. pylori dans les selles. Ils utilisent des anticorps poly ou monoclonaux. * Le test respiratoire à l'urée ou analyse de l'air expiré consiste à faire absorber au patient de l'urée marquée au carbone 13 ou 12, puis à rechercher la présence ou l'absence de l'isotope dans le gaz carbonique expiré. Si la bactérie est présente dans l'estomac, l'urée se scinde et libére le carbone 13 (ou 12) qui passe dans le sang puis les poumons et se retrouve dans l'air expiré. Ce test, fiable à plus de 98 %, présente l'avantage de rechercher la présence de la bactérie dans la totalité de l'estomac. Le dépistage par le test respiratoire à l'urée marquée (C13*) est disponible en France (Helicobacter Test INFAI®) (http://www.vidal.fr/Medicament/helicobacter_test_infai-69959.htm). Le médecin prescrit le kit que le patient achète en pharmacie (de l'ordre de 35.57 euros) et apporte à un laboratoire d'analyses médicales (LABM) de son choix qui effectuera le prélèvement d'air expiré dont l'analyse finale sera effectuée après envoi postal à un laboratoire spécialisé: http://www.cnrch.u-bordeaux2.fr/ . S'il est utile au dépistage, ce test peut également être utilisé pour contrôler l'efficacité du traitement. 6 - Traitement La surveillance de l'efficacité du traitement est réalisée par un test respiratoire à l'urée marquée, 4 à 5 semaines après l'arrêt du traitement. Les indications majeures pour l'éradication sont: la maladie ulcéreuse gastrique et duodénale, le lymphome gastrique du MALT et les lésions précancéreuses de l'estomac.
Ce cours a été préparé par le Professeur Francis MEGRAUD (Université Victor Ségalen Bordeaux 2) responsable du Centre National de Référence:
http://www.cnrch.u-bordeaux2.fr/ (08.02.04)
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