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Cours de Bactériologie Médicale

BARTONELLA

1 - Introduction

Bartonella bacilliformis était jusqu'à peu de temps la seule espèce du genre Bartonella.

Depuis les années 90, de nombreuses bactéries soit antérieurement affiliées à d'autres genres telles les Rochalimaea et les Grahamella, soit récemment isolées ont été regroupées au sein du genre Bartonella qui comprend, à l'heure actuelle, plus de 15 espèces.

Ces bactéries ont été isolées chez des mammifères variés et l'homme, qui constitue exceptionnellement un réservoir, est parfois un hôte accidentel.

La transmission entre individus est assurée par des vecteurs divers (insectes, arthropodes).

2 - Caractères bactériologiques

Bartonella sont des bacilles à Gram-négatif, parfois légèrement incurvés, de 1 à 1,2 µm de longueur sur 0,5 à 0,6 µm de diamètre, aérobies, catalase négative (ou + positive), oxydase négative, uréase négative, inactif vis-à-vis des sucres.

Les conditions optimales de culture sont obtenues par l'ensemencement de milieux additionnés de sang (5 p. cent de sang de mouton ou de lapin) et incubés à 35 °C dans une atmosphère humide enrichie en CO2.

Les colonies apparaissant en 5 à 15 jours ou plus ont un aspect en choux fleur de couleur blanchâtre. Elles sont sèches, de taille hétérogène mais généralement très petites et elles s'enfoncent dans la gélose. Lors des repiquages, les souches cultivent plus rapidement et les colonies deviennent lisses, brillantes et moins adhérentes à la gélose.

3 - Habitat

Le réservoir des bartonelles est variable (cf tableaux). Ainsi pour B. henselae, c' est le chat et, notamment, les chatons âgés de moins de un an. D'autres réservoirs ont été individualisés selon l'espèce tels homme, lapin, rongeur, chevreuil, bovin......

4 - Pouvoir pathogène chez l'homme

B. bacilliformis est responsable de la maladie de Carrion. Cette maladie sévit essentiellement au Pérou dans la Cordillière des Andes entre 1000 et 2500 mètres d'altitude.

La forme aigue de la maladie ou fièvre de Oroya est une anémie hémolytique fébrile aigue ou près de 80 % des hématies sont parasitées, puis lysées. La mort survient au décours de cet épisode ou à la suite de complications infectieuses (salmonellose, tuberculose); les survivants peuvent faire une forme chronique (Verruga peruana ou verrue péruvienne) qui se caractérise par la survenue de lésions cutanées angiomateuses, en relief. Cette dernière pathologie est connue depuis l'ère précolombienne.
Le vecteur est un insecte piqueur (Lutzomyia verrucarum)

B. henselae est responsable de la maladie des griffes du chat (Cat scratch disease). Une ou plusieurs adénopathies se développent dans le territoire de drainage d'une griffure de chat. Cette pathologie peut se compliquer chez les patients immunodéprimés (VIH, transplantation) d'atteinte cutanée (angiomatose bacillaire) ou viscérale (péliose hépatique, splénique ou autre) de septicémie voire d'endocardite. Cette maladie touche essentiellement les enfants.


Les puces du chat jouent un rôle prépondérant dans la transmission entre chats et dans la contamination du pelage du chat. Les chats infectés par la bactérie sont asymptomatiques et le nombre de bactéries circulantes dans le sang peut dépasser 1000 ufc/ml. En se grattant celui-ci contamine ses griffes et inocule la bactérie sous la peau. Le syndrome oculo-glandulaire de Parinaud est une forme clinique particulière caractérisée par une conjonctivite purulente accompagnée de la survenue d'une adénopathie rétro-maxillaire; dans ce cas, on neretrouve pas de notion de griffure, l'inoculation se faisant directement au niveau de la conjonctive.


B. quintana.
La pathologie liée à cette bactérie est connue depuis la première guerre mondiale, c'est la fièvre des tranchées (trench fever) ou fièvre quintane (qui dure 5 jours) avec des épisodes récurrents. L'homme est le seul réservoir connu et la transmission est assurée par les poux du corps.
Des épisodes de cette maladie ont été rapportés lors de regroupement de population et récemment chez les patients SDF. Des endocardites ont également été rapportées au sein de cette population. Des complications à type d'angiomatose et de péliose ont également été décrites chez des patients immunodéprimés.

Autres
B. clarridgeiae est également responsable de la maladie des griffes du chat mais avec une fréquence bien moins importante que B. henselae.
B. elisabethae a été responsable d'une endocardite et B. grahamii a été incriminée dans un cas de neuro-rétinite.


5 - Physiopathologie

Tous les bartonelles ont la possibilité de pénétrer à l'intérieur des hématies et des cellules endothéliales, mais selon des mécanismes différents. De plus, ce qui distingue B. bacilliformis des autres bartonelles, c'est son pouvoir hémolytique. Il semble que ces bactéries puissent persister dans l'organisme et se manifester lors d'épisodes d'immunodépression profonde.


6 - Diagnostic biologique

Le diagnostic clinique peut être évocateur devant certaines adénopathies survenues après griffade ou encore une angiomatose, en particulier chez un sidéen.

Le diagnostic biologique fait appel à diverses approches, fonction du contexte:



Le diagnostic direct par isolement est très difficile, car les bartonelles poussent lentement, en particulier en primoculture (3 à 4 semaines). Il faut utiliser une gélose au sang frais et l'incuber 4 à 6 semaines en atmosphère enrichie en CO2. La culture à partir de ganglions est exceptionnelle et à partir du sang, il est indispensable d'utiliser un système de centrifugation-lyse de type Isolator ®.

L'utilisation des techniques de Biologie moléculaire (PCR puis séquencage) permettent de faire le diagnostic rapidement à partir de tissus (ganglion, peau, valve,…). Elles permettent également de faire le diagnostic d'espèce.


La sérologie par immunofluorescence indirecte est un bon outil en particulier pour la maladie des griffes du chat, les endocardites.

Trois stades ont été décrits sur l'aspect anatomo-pathologique du ou des ganglions ponctionnés:
- hyperplasie lymphoïde banale sans infiltration de polynucléaires,
- granulomes bordés de cellules épithélioïdes avec quelques cellules géantes,
- grandes zones nécrotiques avec du matériel acidophile, entourées de cellules réticulaires épithélioïdes organisées en palissade circulaire.
 

7 - Sensibilité aux antibiotiques

Bien que sensible in vitro aux ß-lactamines, celles-ci ne peuvent être utilisées en raison de leur mauvaise pénétration intracellulaire, à l'exception de la ceftriaxone. Il n'y a pas actuellement de consensus sur la thérapeutique des infections à B. henselae et quintana.



Maladie des griffes du Chat.
Le traitement a peu d'influence sur l'évolution de l'adénopathie sauf sicelui-ci est mis en route très rapidement. Les macrolides et les fluoroquinolones sont les traitements usuels et seront prescrits pour deux semaines. La ponction de ganglion, voire la mise à plat chirurgicale de l'adénopathie sont parfois nécessaires.


Angiomatose bacillaire
Macrolides, tétracyclines, fluoroquinolones et rifampicine sont
efficaces. Le traitement doit être au moins d'un mois. Des rechutes nécéssitent la reprise du traitement.

Endocardite:
Le traitement proposé repose sur la prescription d'une association de ceftriaxone-gentamicine pendant deux semaines suivi d'un relais par tétracycline pendant un mois.


8 - Prophylaxie

Il n'y a pas de vaccin.

Déparasitage : puces du chat, poux de l'homme


Ce cours a été préparé par le Professeur G. ARLET (Faculté de Médecine Saint-Antoine - Paris VI)(20.01 2003

Pour en savoir plus :


Quelques adresses:

http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol1no1/regnery.htm

http://www.medifarma.ma/Bacterio/bb/henselae.html



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